[texte imprimé]Haïti : un cas d'acharnement démocratico-thérapeutique
BARTHELEMY, Gérard,
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S.L. : S.N.,
1994/01,
31 P.
Haïti est un cas particulier dans la politique de l'ONU : celle-ci, en se portant garante des élections présidentielles de 1991 a ensuite franchi un pas sans précédent en soutenant explicitement le président élu, ce qui l'a ensuite amenée à prendre des sanctions contre le pays, à la suite du putsch militaire. Ces sanctions sont actuellement toujours sans effet, mais quelques pays, dont la France, réclament leur renforcement. Or cette méthode ressemble fort à de l'acharnement thérapeutique, dans la mesure où elle ne fait qu'affaiblir un peu plus une économie et une population déjà chacune en état de survie. Cette position engagée de la France est d'autant plus douteuse qu'elle contraste totalement avec sa complaisance à l'égard des régimes africains ; elle ne semble justifiée que par une absence d'enjeu économique et par la possibilité offerte d'en faire l'emblème du militantisme d'Etat, à un moment où la démocratie est menacée par la montée des extrémismes. A l'inverse, les USA hésitent beaucoup sur leur ligne de conduite : leurs intérêts économiques ont tendance à prévaloir sur leurs idéaux démocratiques, tout comme la France en Afrique. Ainsi, l'armée poursuit le massacre des élites opposantes, et l'Etat est en pleine régression vers son ancienne culture politique. En fait, les sanctions sont inutiles et le peuple haïtien a tendance à les ressentir comme une injuste punition, d'où le risque de le voir se replier derrière le régime en place. Il ne faut pas attendre la chute de ce régime pour reconstruire l'économie, les villes et l'Etat : plusieurs pays d'Extrême Orient ont montré que c'est devant la modernité issue du développement de structures nouvelles que sont tombés de tels régimes. Cet exemple devrait servir à l'ONU pour tirer les conséquences de son échec.
Haïti est un cas particulier dans la politique de l'ONU : celle-ci, en se portant garante des élections présidentielles de 1991 a ensuite franchi un pas sans précédent en soutenant explicitement le président élu, ce qui l'a ensuite amenée à prendre des sanctions contre le pays, à la suite du putsch militaire. Ces sanctions sont actuellement toujours sans effet, mais quelques pays, dont la France, réclament leur renforcement. Or cette méthode ressemble fort à de l'acharnement thérapeutique, dans la mesure où elle ne fait qu'affaiblir un peu plus une économie et une population déjà chacune en état de survie. Cette position engagée de la France est d'autant plus douteuse qu'elle contraste totalement avec sa complaisance à l'égard des régimes africains ; elle ne semble justifiée que par une absence d'enjeu économique et par la possibilité offerte d'en faire l'emblème du militantisme d'Etat, à un moment où la démocratie est menacée par la montée des extrémismes. A l'inverse, les USA hésitent beaucoup sur leur ligne de conduite : leurs intérêts économiques ont tendance à prévaloir sur leurs idéaux démocratiques, tout comme la France en Afrique. Ainsi, l'armée poursuit le massacre des élites opposantes, et l'Etat est en pleine régression vers son ancienne culture politique. En fait, les sanctions sont inutiles et le peuple haïtien a tendance à les ressentir comme une injuste punition, d'où le risque de le voir se replier derrière le régime en place. Il ne faut pas attendre la chute de ce régime pour reconstruire l'économie, les villes et l'Etat : plusieurs pays d'Extrême Orient ont montré que c'est devant la modernité issue du développement de structures nouvelles que sont tombés de tels régimes. Cet exemple devrait servir à l'ONU pour tirer les conséquences de son échec.
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